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Chronique «Economiques»

Emmanuel Macron, en marche vers la saison 2 du néolibéralisme autoritaire

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La politique sociale menée durant le quinquennat du Président n’a eu de cesse de baisser le coût du travail, de réduire les possibilités d’action collective, et d’augmenter le pouvoir de négociation des employeurs au détriment de celui des salariés, explique Bruno Amable.
par Bruno Amable, professeur à l’université de Genève
publié le 11 avril 2022 à 16h19

Le néolibéralisme a émergé dans les premières décennies du XXe siècle comme tentative de renouveler une pensée libérale en crise. Il avait, entre autres, pour ambition de proposer une vision positive de l’action publique. Le néolibéralisme n’est pas «moins d’Etat», mais un Etat qui agit dans un but particulier. Sans entrer dans les détails, nuances ou contradictions, l’action publique devait établir ou protéger un cadre légal garantissant une concurrence loyale sur les marchés.

Pour certains, cette tâche nécessitait de disposer d’un Etat fort qui aurait les moyens de s’opposer aux tentatives de se soustraire à la concurrence par des pressions politiques qu’exerceraient des intérêts coalisés. C’était d’une part les firmes, qui allaient tenter d’utiliser leur pouvoir de marché, le monopole étant un cas extrême, ou encore établir des ententes pour éviter de se faire une concurrence qui leur aurait été préjudiciable même si potentiellement bénéfique pour les consommateurs. Mais étaient aussi visés les salariés, dont les syndicats avaient pour objectif principal de s’opposer à la concurrence sur le marché du travail et obtenir des salaires élevés ou des conditions de travail favorables, ce qui, dans une optique libérale, entraînait chômage et faible activité économique.

Ambivalence de l’interventionnisme

Cette apparente symétrie a progressivement disparu au cours des décennies et la littérature néolib

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