13 juin 2024 - UNIGE

 

Vie de l'UNIGE

Des cultures de peau humaine pour étudier le psoriasis

Le Prix 3R de l’UNIGE distingue cette année des travaux sur le psoriasis pour lesquels des modèles in vitro d’épiderme humain ont remplacé les souris de laboratoire.


 

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De gauche à droite, le vice-recteur Sébastien Castelltort, la lauréate Maria Shutova et la présidente du jury Patrycja Nowak-Sliwinska. Image: DR


Réduire, raffiner, remplacer: sur la base de ces trois principes, le Prix 3R de l’UNIGE récompense chaque année une recherche dont le modèle expérimental permet une avancée scientifique importante dans une optique de respect de la condition animale. Cette année, le prix a été décerné à Maria Shutova, maître-assistante au Département de médecine et au Centre de recherche sur l’inflammation (Faculté de médecine). Le jury a récompensé une étude, publiée en 2023 dans iScience, où les modèles de souris habituellement utilisés dans les travaux sur le psoriasis ont intégralement été remplacés par des cultures in vitro de peau humaine.

 

Plus fidèles que les modèles animaux
Les recherches sur le psoriasis – une maladie chronique, auto-immune et inflammatoire de la peau qui affecte entre 3 et 7% de la population – ont habituellement recours à des modèles de souris de la maladie. Or, les importantes différences biologiques entre la peau humaine et celle des souris en font des modèles imparfaits. C’est pourquoi Maria Shutova et ses collègues ont travaillé au développement d’un modèle expérimental plus fiable. Des cellules de peau humaine non différenciées et d’épiderme humain reconstruit leur ont permis de reproduire fidèlement les processus de différenciation et de stratification de la peau humaine. Les scientifiques ont ensuite modélisé l’inflammation typique du psoriasis en stimulant leurs cellules en culture avec un cocktail de cytokines – de petites protéines impliquées dans la communication cellulaire et les réactions immunitaires.

 

Des problèmes de communication
Grâce à son modèle, l’équipe de recherche a découvert que, dans le psoriasis, les cellules épithéliales ne sont plus capables de détecter et d’interpréter correctement les stimuli qu’elles reçoivent pour les traduire en signaux électrochimiques appropriés. Les cytokines inflammatoires induisent alors l’activation d’une voie de communication cellulaire particulière et une réponse inflammatoire. Une enzyme, ROCK2, semble être en cause. Or, les scientifiques ont pu identifier une petite molécule capable d’inhiber cette enzyme, KD025, donnant ainsi l’espoir d’un nouveau traitement.

Ces résultats, beaucoup plus pertinents pour la pathologie humaine que ceux obtenus avec des modèles non humains, valident un nouveau modèle expérimental. Entièrement in vitro et largement applicable et reproductible pour étudier les phénomènes inflammatoires de la peau, il remplace avantageusement l’emploi d’animaux dans ce contexte. «En s’appuyant sur les nouvelles technologies et le partage des connaissances, Maria Shutova a brillamment intégré le principe des 3R et propose une solution utile à d’autres laboratoires de recherche», salue Daniele Roppolo, directeur de l’expérimentation animale de l’UNIGE.

Créé en 2016, le Prix 3R de l’UNIGE distingue des projets de recherche qui participent à l’avancée des connaissances en sciences du vivant, tout en contribuant à réduire, raffiner et remplacer (3R) le recours aux modèles animaux. Remis annuellement, il est doté de 5000 francs dédiés à la poursuite des travaux des chercheurs et chercheuses primées. Cette année, six dossiers de candidature ont été déposés. «Cela démontre que les efforts importants de la Direction de l’expérimentation animale et du Rectorat pour promouvoir les 3R portent leurs fruits», se réjouit Elsa Giobellina, déléguée à la protection des animaux de l’UNIGE. Le 9e Prix a été décerné le 4 juin 2024 à l’occasion de la remise des prix de la Faculté de médecine.

 

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